Les menhirs (i stantari), signifiant « pierres longues » en breton, sont la plupart du temps étroitement associés aux sépultures, mais il en existe également implantés près des habitats ou encore placés sur des voies de communication.
Paddaghju
Sur le site de Paddaghju on en recense 258 menhirs, instituant cette station comme le plus grand ensemble de toute la Méditerranée occidentale. Les monolithes observent pour la plupart une orientation nord-sud avec la face à l’est et sont regroupés en 7 alignements (filarate). Leur hauteur varie entre un et trois mètres, voire plus pour un tout petit nombre d’entre eux.
La structure générale du site résulte vraisemblablement d’une série d’évolutions. La présence de quatre statues-menhirs au sein des alignements serait d’ailleurs la conséquence de transformations sur place de simples menhirs. Pour preuve, les éléments anthropomorphes sont gravés et non sculptés, ce qui suggère une réalisation postérieure. À l’extrémité de l’alignement le plus long, se trouve une sépulture en coffre. Les coffres (i bancali) sont des constructions partiellement enterrées réunissant quatre dalles taillées et posées de chant, mais sans dalle de couverture. Celui de Paddaghju a livré à la fouille du matériel archéologique daté du Bronze ancien, dont une lame de poignard en cuivre, un anneau en or, un brassard d’archer et des vases d’offrandes. Il s’agit sans aucun doute de la tombe d’un être important et puissant de sa communauté. Ainsi, cette association entre le coffre et les alignements de menhirs permet d’interpréter le site comme un haut lieu religieux.
Par ailleurs, ce n’est pas un hasard si autrefois, dans la tradition populaire, ce territoire était craint et surnommé « le cimetière des Turcs » (Campu di i Turchi), en référence aux invasions barbaresques, tant les menhirs couchés rappellent un champ de bataille. En fait, il est assez fréquent en Corse de trouver des toponymes à consonance péjorative pour désigner les constructions mégalithiques. Nombre d’entre elles sont associées à des personnages effrayants ou de légendes comme le diable et l’ogre. Sans doute faut-il y voir une volonté de la part des nouvelles populations chrétiennes de désacraliser ces lieux en faisant appel aux sentiments de crainte et d’effroi.
La structure générale du site résulte vraisemblablement d’une série d’évolutions. La présence de quatre statues-menhirs au sein des alignements serait d’ailleurs la conséquence de transformations sur place de simples menhirs. Pour preuve, les éléments anthropomorphes sont gravés et non sculptés, ce qui suggère une réalisation postérieure. À l’extrémité de l’alignement le plus long, se trouve une sépulture en coffre. Les coffres (i bancali) sont des constructions partiellement enterrées réunissant quatre dalles taillées et posées de chant, mais sans dalle de couverture. Celui de Paddaghju a livré à la fouille du matériel archéologique daté du Bronze ancien, dont une lame de poignard en cuivre, un anneau en or, un brassard d’archer et des vases d’offrandes. Il s’agit sans aucun doute de la tombe d’un être important et puissant de sa communauté. Ainsi, cette association entre le coffre et les alignements de menhirs permet d’interpréter le site comme un haut lieu religieux.
un site exceptionnel: filitosa
Il convient en premier lieu de rappeler à quel point le site de Filitosa, sur la commune de Sollacaro, est un site remarquable, tant du point de vue esthétique qu’historique, classé monument historique dès 1967, et inscrit sur la liste des cent « sites historiques d’intérêts communs aux pays de la Méditerranée ».
Riche de très belles statues-menhirs et des vestiges de plusieurs monuments, il est mis en valeur par un dépôt musée qui présente une partie du matériel archéologique recueilli sur le site, et par un parcours de visite ponctué de bornes audio. Les explications qu’elles délivrent s’appuient sur les théories développées par Roger Grosjean, dont les travaux ont révélé l’intérêt scientifique du site, et peuvent être considérés à l’origine du dynamisme de l’archéologie en Corse. Aujourd’hui remises en cause, ces théories illustrent la difficulté d’une démarche scientifique qui, souvent, ne peut s’appuyer que sur des données lacunaires. Quelle était la finalité de ces monuments ? Comment expliquer la destination et le remploi des statues-menhirs, dont la signification est également à déterminer ?
À Filitosa, un certain nombre d’entre elles sont armées. Ainsi, au souci de réalisme exprimé par le dégagement des éléments du visage et des épaules, s’ajoutent épées ou poignards, parfois suspendus à un baudrier, une coiffe bombée qu’on peut interpréter comme un casque, et dans le dos, des traits marquant la colonne vertébrale, les omoplates en relief et les côtes en creux, ce qui peut aussi être interprété comme la représentation d’une cuirasse. De manière sommaire, on peut dire que Roger Grosjean vit dans cette évolution tardive du mégalithisme insulaire l’expression d’un conflit opposant les populations autochtones de culture mégalithique à des envahisseurs venus de la mer et apportant avec eux la métallurgie. Les statues-menhirs armées seraient des représentations de chefs ennemis tués au combat, par lesquelles les « Mégalithiques » auraient cherché à s’approprier symboliquement la force de leurs adversaires.
À Filitosa, un certain nombre d’entre elles sont armées. Ainsi, au souci de réalisme exprimé par le dégagement des éléments du visage et des épaules, s’ajoutent épées ou poignards, parfois suspendus à un baudrier, une coiffe bombée qu’on peut interpréter comme un casque, et dans le dos, des traits marquant la colonne vertébrale, les omoplates en relief et les côtes en creux, ce qui peut aussi être interprété comme la représentation d’une cuirasse. De manière sommaire, on peut dire que Roger Grosjean vit dans cette évolution tardive du mégalithisme insulaire l’expression d’un conflit opposant les populations autochtones de culture mégalithique à des envahisseurs venus de la mer et apportant avec eux la métallurgie. Les statues-menhirs armées seraient des représentations de chefs ennemis tués au combat, par lesquelles les « Mégalithiques » auraient cherché à s’approprier symboliquement la force de leurs adversaires.
De même, parce qu’il faisait prévaloir une interprétation des torre comme « monuments cultuels », associés à des rites funéraires venant supplanter ceux des populations mégalithiques, Grosjean tendait à privilégier l’idée qu’elles ne pouvaient qu’être l’œuvre d’envahisseurs victorieux imposant leur propre culture. En s’emparant de Filitosa, les « Torréens » auraient détruit ces statues contraires à leurs croyances et à leurs rites, et les auraient utilisées pour la construction de leurs propres temples, les torre. D’après Grosjean, il pourrait s’agir des Shardanes, un « peuple de la mer » mentionné par les Égyptiens et dont on trouve une représentation sur les bas-reliefs du temple de Medinet-Habou. Si, en effet, l’armement de ces guerriers évoque celui des statues de Filitosa : casques arrondis à cornes, larges épées portées sur la poitrine, etc., cette identification pose cependant des problèmes de chronologie.
D’une manière générale, bien qu’en raison de son caractère romanesque, cette théorie ait conservé un certain pouvoir de séduction, l’état actuel des recherches tend à la contredire. On a en effet découvert dans des monuments en forme de tour des éléments de production de la panoplie guerrière représentée sur les statues-menhirs (en particulier un moule de poignard) qui plaident en faveur d’une continuité de culture plutôt que d’une rupture provoquée par le conflit entre deux ethnies étrangères, «Torréens » et « Mégalithiques ».
D’autre part, la destination cultuelle de ces monuments est loin d’être avérée : constructions massives symbolisant l’emprise d’une communauté sur un territoire, elles semblent plutôt destinées à en assurer le contrôle et à constituer un refuge sûr pour les hommes et les biens en cas d’attaque. Enfin, en raison des réaménagements et des restructurations subies par ces monuments, rien ne prouve que la destruction des statues-menhirs et leur remploi dans le parement de la tour centrale corresponde au moment de sa construction. Bien des éléments nous manquent donc pour percer tous les mystères de Filitosa, mais peut-être est-ce là ce qui fait aussi un des charmes de ce lieu unique.
La statue menhir de tavera
Emblématiques du mégalithisme en Corse, les statues-menhirs apparaissent dans la deuxième moitié du IIe millénaire av. J.-C. Repérée en 1961 à proximité d’un casteddu médiéval, le menhir de Tavera possède une silhouette et des attributs particulièrement remarquables, qui illustrent parfaitement le caractère « anthropomorphe » de ces premières formes de sculpture.
Plus grande que nature (2,42 m), mais se rapprochant des proportions humaines si l’on tient compte de la partie qui était enterrée (environ 50 cm), elle présente une tête arrondie qui se détache nettement du reste du fût. Les éléments du visage apparaissent avec un souci de réalisme plus affirmé qu’ailleurs, les oreilles et la ligne du menton se détachent nettement ; les arcades et le nez sont figurés en relief, les yeux en creux, la bouche consiste en une fine gravure aujourd’hui presque effacée. Le dos du monument présente une nuque bien marquée et légèrement bombée. Sur toute la partie céphalique, des gravures de croisillons évoquent, d’après Roger Grosjean, une chevelure ou une résille.
Plus grande que nature (2,42 m), mais se rapprochant des proportions humaines si l’on tient compte de la partie qui était enterrée (environ 50 cm), elle présente une tête arrondie qui se détache nettement du reste du fût. Les éléments du visage apparaissent avec un souci de réalisme plus affirmé qu’ailleurs, les oreilles et la ligne du menton se détachent nettement ; les arcades et le nez sont figurés en relief, les yeux en creux, la bouche consiste en une fine gravure aujourd’hui presque effacée. Le dos du monument présente une nuque bien marquée et légèrement bombée. Sur toute la partie céphalique, des gravures de croisillons évoquent, d’après Roger Grosjean, une chevelure ou une résille.
La vallée des statues menhirs - sagone
La vallée de la Sagone et ses abords immédiats présentent une concentration importante de monuments mégalithiques et particulièrement de statues menhirs.
Situés originellement sur de petites éminences au débouché de la vallée et le long des grands axes de communication, beaucoup de ces monuments ont été déplacés au Moyen Âge ou à des époques très récentes (surtout au XXe siècle). Le groupe le plus spectaculaire est celui de Sagone.
Trois, peut être quatre, statues-menhirs sont connues ; elles devaient se dresser, à l’âge du bronze, sur le petit replat qui domine l’embouchure de la Sagone, où elles se trouvent encore aujourd’hui, réemployées dans les maçonneries de la cathédrale Sant’ Appianu, construite au XIIe siècle.
Tout près de là, à moins d’un kilomètre, Prosper Mérimée découvrit en 1839 la statue menhir dite depuis « l’Homme d’Appriciani », aujourd’hui exposée à l’entrée du village de Vico. Celle-ci devait jalonner un chemin parallèle à la côte, dominé à l’est par la statue-menhir de Renicciu (commune de Coggia) et bordée à l’ouest par celle de Scumunicatu (commune de Cargèse). En amont de la vallée de la Sagone se trouvait celle de Renno, aujourd'hui disparue.
Tous ces monuments, sculptés dans le granite, ont en commun un style particulier, caractérisé par des traits anthropomorphes très affirmés : cou et épaules bien marqués, oreilles proéminentes, traits du visage, pectoraux et omoplates bien dessinés.
En revanche, aucune d’entre elles n’est armée, contrairement à celles qu’on trouve notamment dans le sartenais. À ces statues-menhirs s’ajoutent des monuments funéraires mégalithiques, notamment les dolmens de Paomia et de Tremica. Il s’agit de sépultures collectives, ici de petites dimensions. Leur construction, comme l’érection des menhirs et statues-menhirs dans le courant des IIIeme et IIeme millénaires avant Jésus-Christ, s’inscrit globalement dans une phase d’expansion démographique et de conquête agropastorale des zones côtières.
Tous ces monuments apparaissent ainsi comme des éléments structurants du paysage, signalant et sacralisant peut-être des carrefours importants, des limites, ou des espaces privilégiés.