Fleurissant au cours du XIXe siècle, les moulins rappellent l’importance passée des oliveraies et châtaigneraies dans l’économie de la région.
les moulins à eau
Dans la plupart des cas, les moulins utilisant l’énergie hydraulique possèdent une roue horizontale. Ils seront peu à peu abandonnés au cours du siècle suivant. Du fait de cette économie rurale, un même schéma fonctionnel organise la structure des maisons jusqu’à la première moitié du XIXe siècle. Ainsi, on trouve généralement un étage de soubassement à usage d’exploitation : abri pour les animaux, réserve, emplacement pour une meule ou un pressoir. Cet étage ne communique pas avec le rez-de-chaussée surélevé de l’habitation proprement dite, auquel on accède soit par un escalier extérieur auquel s’ajoute parfois un perron (u scalonu), soit de plain-pied grâce au dénivelé du terrain. À l’étage situé sous les combles se trouve la pièce commune et un foyer sans cheminée (u fuconu). Réalisées par les membres de la famille, du village ou par des ouvriers qualifiés, elles témoignent d’un savoir-faire issu de la reproduction des modèles environnants et de techniques anciennes. L’appareil des murs est irrégulier mais démontre un certain art de l’assemblage : les pierres sont de dimensions variées et partiellement retaillées ; elles ne sont pas vraiment jointives et sont parfois calées avec des éclats de petite taille (i scaddi). Les pierres de plus grandes dimensions ou les plus élaborées sont réservées aux linteaux, aux encadrements des fenêtres ou aux chaînages d’angle. Les charpentes ne soutiennent qu’une couverture assez légère.
Les moulins à farine
La culture des céréales, notamment du blé, a fortement marqué de son empreinte le territoire de l’île. Des montagnes entières sont sculptées en terrasses. D’innombrables aires à blé évoquent les tribbieri (battage) lorsqu’il fallait, sous les chaleurs estivales, dépiquer le blé. Les moulins bordant les cours d’eau transformaient les grains en farine. Près des habitations, les fours à pain, lieux de convivialité, préparaient le pain pour la semaine, aliment de base au centre des repas.
Entre les premiers labours, les semis, la récolte, les tribbieri et le pain, un an s’écoulait !
Les moulins sont souvent de petite taille, mais certains, plus grands, servaient aussi d’habitation. Dès que le débit des cours d’eau était suffisant, les villageois portaient le grain à moudre.
L’eau, canalisée jusqu’au moulin, traversait une conduite forcée en pierre et tombait sur une roue à aubes située dans une pièce voûtée au rez-de-chaussée. La roue entraînait alors un axe qui faisait tourner la meule gisante placée dans une pièce au-dessus. La meule, ainsi activée, broyait le grain afin de le transformer en farine.
On prenait soin de graver sur la meule mais aussi, souvent, sur le moulin même, une croix de San Martinu, gardien de l’abondance et protecteur des agriculteurs.
L’eau, canalisée jusqu’au moulin, traversait une conduite forcée en pierre et tombait sur une roue à aubes située dans une pièce voûtée au rez-de-chaussée. La roue entraînait alors un axe qui faisait tourner la meule gisante placée dans une pièce au-dessus. La meule, ainsi activée, broyait le grain afin de le transformer en farine.
On prenait soin de graver sur la meule mais aussi, souvent, sur le moulin même, une croix de San Martinu, gardien de l’abondance et protecteur des agriculteurs.
Le moulin à huile de Sainte Lucie de Tallano
L’oléiculture est un élément important de l’identité de l’Alta Rocca. Elle est célébrée chaque année à Sainte-Lucie-de-Tallano lors de la Festa di l’Oliu Novu. Le vieux moulin du village, U Fragnonu, a été construit à la fin du XVIIIe siècle. L’appareil, en moellons de granite, est irrégulier : seules quelques pierres semblent grossièrement taillées pour être rendues plus ou moins jointives. L’encadrement des ouvertures et les chaînages d’angle sont plus soignés, et l’on peut noter la présence d’un arc de décharge au-dessus d’une ouverture du sous-sol. Le moulin a été restauré et transformé en écomusée de l’huile d’olive, ce qui permet admirer l’ancien mécanisme. Une très belle roue à aubes le faisait fonctionner avant que l’électricité ne fournisse sa force motrice, elle était alimentée par un ouvrage qui captait l’eau du ruisseau voisin, U Mulineddu, et une vanne permettait d’en réguler le déversement.
Le moulin de Serra di Scopamène
Un autre moulin ancien a été restauré à Serra-di-Scopamène. Celui-ci présente une roue verticale à augets, dite roue « en-dessus », d’un diamètre de 6,44 mètres. Alimentée par un canal d’amenée, elle entraîne deux ensembles d’engrenages pouvant être débrayés. Toutefois, les moulins de la région utilisant l’énergie hydraulique étaient plutôt des moulins à roue horizontale, avec des meules de granite de petit diamètre. Quelques moulins utilisaient la traction animale (« moulins à sang »), la meule étant fixée à un axe vertical entraîné par un âne ou un boeuf.